ARTISTE DU MOIS:

KRM, l' esprit du mur

GEZA ET CHÉRIF

Geza et Chérif Zerdoumi tissent leurs toiles d’artistes sans trembler, des œuvres modernes et contemporaines connues sous le pseudonyme de « KRM ». Elles peuvent provenir du travail originel de ce tandem, inspiré de leur rencontre au pied du mur de Berlin au début des années 2000. Ou bien sont maintenant aussi extraites d’un travail plastique profond autour des khaïmas, toiles de tente des nomades du Sud marocain. Elles témoignent toutes d’une inspiration à quatre mains qui fonctionne à bloc.
 
Comme une machine terrestre qui invite à explorer nos esprits, qu’ils soient d’aujourd’hui ou d’hier. Ce couple de world artists crée des fragments de murs sur bois et métal, principalement lorsqu’ils résident dans leur vieille usine de textile désaffectée à Boissezon.

Et quand ils se trouvent reclus dans leur cabane de Tarfaya, un site d’exception au Sahara marocain découvert à l’occasion d’un voyage initiatique, les toiles de tente usées et râpées, colorées et magnifiques, viennent servir de matière recyclée pour des créations assemblées ou brodées, unies dans des patchworks qui se fondent et se confondent. Et sous les doigts de Chérif, les djinns font leur apparition mystérieuse, intrigante.

Geza et Chérif Zerdoumi sont aujourd’hui connus internationalement. Ils enchaînent les expositions et commandes prestigieuses. Sans frontières et sans limites, ils produisent une œuvre d’une grande modernité qui trouve son port d’attache dans les monts du Tarn mais surtout dans l’humanité d’un couple de créateur. Peut être qu’un jour ils seront de passage à Art Graulhet. Et ce serait à coup sûr une belle rencontre.

https://www.geza-cherif.com

Historique des "Artistes du Mois":

HABIB HASNAOUI

ARTISTE D’ENTRE DEUX RIVES

Peintre engagé et souvent solitaire, Habib Hasnaoui est un autodidacte. Né en Algérie, il a grandi en France puis est revenu sur sa terre natale avant d’en repartir suite aux événements des années quatre-vingt dix. Il a été deux fois migrant, deux fois réfugié d’un pays ami.
 
Son travail de plasticien militant, d’un humanisme fort et jamais cruel, nous impose de nous interroger sur notre époque. Ses créations sont d’une incroyable actualité, plongées dans ce que nous sommes aujourd’hui. Dans cette société où “l’autre” a de moins en moins sa place pour lui préférer l’entre-soi, Habib Hasnaoui nous montre le prix de ce repli sur nous.
 
Le coût humain et ses “victimes collatérales” comme on dit dorénavant de nos errements. L’historienne de l’art Amina Far dit de lui: “De cette période, de ces épreuves, lui reste une conscience exacerbée des douleurs du monde, une hypersensibilité aux souffrances qui l’entourent, et des saignées dans le coeur, des saignées dans le cerveau, des saignées sur la toile”.
 
Mais Habib Hasnaoui ne peut se résumer qu’à cela. C’est aussi et d’abord finalement un plasticien assumé et puissant. Il a tout appris par lui même ce qui démontre une force encore plus évidente. Pendant longtemps, il a signé ses toiles d’un pseudonyme, Tapol. Un mot valise dans lequel se trouvent du Tapiès (pour le travail) et Pollock (pour la force de la gestuelle). Mais aujourd’hui le plasticien signe de son propre nom. Tout simplement.
 
Créateur au sens large, sculpteur parfois (avec du fil barbelé par exemple), colleur, dessinateur, peintre expressionniste etc, il peut basculer du côté contemporain de la force de temps en temps. Juste ce qu’il faut.
 
Pas suffisamment connu à notre avis, cet homme surnage entre ses deux univers pourtant si proches finalement. Allez jeter un coup d’œil dans la boîte à images (Internet, Web, réseaux sociaux) pour le voir de vos propres yeux.
 
Vous n’en sortirez pas indemnes.

CHARLES CAMBE: L'INVENTEUR D'HISTOIRE

ET PLASTICIEN ET ARCHÉOLOGUE

Qui ne connaît Charles Cambe devrait s’en vouloir. Que l’on soit simple quidam rétif à toute forme d’art ou bien expert en oeuvres de toutes formes, ce plasticien a toujours quelque chose à offrir à l’Autre. Dans sa maison atelier de Guitalens-Lalbarède, l’ancien bistrot “Le central” que tenaient ses parents et où il a grandi, Charles Cambe est un curieux de tout, un inventeur découvreur de nouveaux espaces que l’on ne verra pas cette année à Graulhet mais sera présent durant tout l’été à Sorèze (1).
 
Ce qu’il y a de génial chez Charles Cambe, c’est qu’il a toujours une belle histoire à raconter. Souvent à propos de l’art ou de l’archéologie, ses deux racines fondatrices. Mais pas seulement. En ce moment, cet insatiable curieux de tout laisse parfois de côté le chevalet pour jeter son dévolu sur … les opercules de pots de yaourts. De ces jolis couvercles métalliques couleur or, Cambe y creuse des formes de scarabés, de visages de toutes les civilisations “Ce qui m’intéresse, c’est de retrouver cette même façon de représentation dans diverses civilisations”. L’humain aurait parfois découvert la même solution de résoudre la représentation de son espace et de ses congénères à des époques ou des régions du Monde très éloignées. Comment les artistes ont traité la profondeur, le volume, la vue de face ou de côté à travers les siècles et les cultures. Le plasticien Cambe se retrouve ainsi dans la posture du chercheur qui représente l’humain schématisé ou symbolisé.
 
On retrouve d’ailleurs cette quête dans les grands tableaux de masques qui ont établi sa marque de fabrique. Charles Cambe a façonné son style dans ces portraits qui font sa patte d’aujourd’hui, chercher des formes fortes, puiser dans les couleurs primitives et amener celui qui regarde vers ce qui se passe «derrière la croûte». Ces masques qui respirent souvent l’air africain, ces bruns et ocres profonds lui ont permis au début des années 90 de s’affirmer : «J’avais trouvé ma façon d’écrire, mon autonomie vis-à-vis de mes maîtres.» dit-il en évoquant ses deux autres piliers à savoir Nicolas Greschny (techniques anciennes) et Pierre Dory (expressionniste) ses deux maîtres qu’il n’omet jamais de citer.
 
Charles (et son chapeau) forme un tout qui passe toujours par un regard sur la nature humaine. Un regard profond et juste.