Peintre engagé et souvent solitaire, Habib Hasnaoui est un autodidacte. Né en Algérie, il a grandi en France puis est revenu sur sa terre natale avant d’en repartir suite aux événements des années quatre-vingt dix. Il a été deux fois migrant, deux fois réfugié d’un pays ami.
Son travail de plasticien militant, d’un humanisme fort et jamais cruel, nous impose de nous interroger sur notre époque. Ses créations sont d’une incroyable actualité, plongées dans ce que nous sommes aujourd’hui. Dans cette société où “l’autre” a de moins en moins sa place pour lui préférer l’entre-soi, Habib Hasnaoui nous montre le prix de ce repli sur nous.
Le coût humain et ses “victimes collatérales” comme on dit dorénavant de nos errements. L’historienne de l’art Amina Far dit de lui: “De cette période, de ces épreuves, lui reste une conscience exacerbée des douleurs du monde, une hypersensibilité aux souffrances qui l’entourent, et des saignées dans le coeur, des saignées dans le cerveau, des saignées sur la toile”.
Mais Habib Hasnaoui ne peut se résumer qu’à cela. C’est aussi et d’abord finalement un plasticien assumé et puissant. Il a tout appris par lui même ce qui démontre une force encore plus évidente. Pendant longtemps, il a signé ses toiles d’un pseudonyme, Tapol. Un mot valise dans lequel se trouvent du Tapiès (pour le travail) et Pollock (pour la force de la gestuelle). Mais aujourd’hui le plasticien signe de son propre nom. Tout simplement.
Créateur au sens large, sculpteur parfois (avec du fil barbelé par exemple), colleur, dessinateur, peintre expressionniste etc, il peut basculer du côté contemporain de la force de temps en temps. Juste ce qu’il faut.
Pas suffisamment connu à notre avis, cet homme surnage entre ses deux univers pourtant si proches finalement. Allez jeter un coup d’œil dans la boîte à images (Internet, Web, réseaux sociaux) pour le voir de vos propres yeux.
Vous n’en sortirez pas indemnes.